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30 juin 2022

Olivier Deck et Rafael Riqueni, errances complices

33e édition

Le photographe et écrivain expose son travail sur Séville et Rafael Riqueni, invité d'honneur d'Arte Flamenco, au Centre d'art contemporain Raymond-Farbos pendant toute la durée du Festival.

« L'Andalousie est au bout des errances, celles qui viennent d'Afrique, d'Europe, d'Asie. Le mouvement des hommes s'est arrêté là mais pas l'errance qui est en eux. Elle continue par le flamenco ». Dans cette vision sublime, Olivier Deck donne peut-être la clé de son tropisme andalou. Né en Béarn et exilé dans les Landes, il cultive lui aussi le goût du voyage immobile : écriture, peinture, poésie, musique, photographie, son âme vagabonde d'un univers l'autre. Et parfois s'arrête au détour de quelques notes, de quelques mots.

Comme lors du Festival Arte Flamenco en 2021, lorsqu'il pousse la porte de la masterclass donnée par Rafael Riqueni, son Leica monochrome autour du cou : « je le salue, on échange quelques mots, il remarque que j'ai les ongles longs et des bracelets en bois au poignet, un truc de guitaristes. Je lui en offre deux, il les porte toujours ». Pendant les cinq jours du festival, lorsqu'il en a l'occasion, Olivier Deck promène Riqueni à travers les paysages landais. Quelques photos, quelques mots, de longs silences : « à la fin du festival, il me dit : viens à Séville, on continue ».

Il se passe des choses dans les Landes que les flamencos andalous apprécient. Ils se sentent respectés et compris. Mon livre est le premier sur Rafael Riqueni, en France comme en Espagne. 
Olivier Deck

"Rafael Riqueni, une guitare de cristal" au Centre d&aposArt Contemporain Raymond Farbos © Laura Moulié

Le photographe accomplira sept voyages au cours de l'année, dans cette Andalousie qu'il arpente depuis l'enfance mais qu'il n'avait jamais photographiée : « il y a quelque chose là-bas, une force qui vient de la lumière ou de la terre et qui fascine les artistes depuis toujours ». Chaque jour il marche, solitaire, de 5 heures du matin à minuit, à travers les rues de la ville-muse, en prenant garde à ne jamais savoir où aller. C'eût été la fin de l'errance.

Dans le quartier de Triana, il retrouve parfois Riqueni, partage son quotidien, sa musique, ses silences encore. « La première fois que j'ai marché dans Triana avec lui, je pensais avoir la conversation du siècle mais il n'a pas dit un mot », s'amuse Olivier Deck. Silencieux mais bienveillant, fuyant mais complice, le maestro fascine : « la musique, c'est d'abord du silence habité par des notes, poursuit le photographe. Riqueni n'est plus dans la recherche de la virtuosité, il tend vers une fragilité, une profondeur qui mènent au silence. Il y a parfois un siècle entre chaque note, dans lequel il met tout son cœur, ses souffrances, son âme ».

Il m'a envoyé un message en me disant : j'aime beaucoup tes photos, tu peux continuer. On parle très peu mais il est content, je le sens.
Olivier Deck

Rafael Riqueni, une guitare de cristal au Centre d&aposArt Contemporain Raymond Farbos © Laura Moulié

Comme la guitare de Riqueni, les photographies d'Olivier Deck font entendre le silence : la lueur d'un lampadaire sur les pavés sévillans suggère les pas d'un promeneur solitaire. Une tasse posée sur une table diffuse la rumeur d'un café sévillan. Plus loin, le battement d'ailes d'une colombe traverse l'image, des éclats de voix nous parviennent d'une fenêtre entrouverte, le souffle de la ville du coin de la rue et toujours, partout, les notes suspendues de Rafael Riqueni. « J'ai étudié son style en profondeur, jusqu'à remonter aux origines de la guitare flamenca, raconte Olivier Deck. Quand je lui ai fait part de mes réflexions, il m'a répondu : écris-le, je te dirai si tu as raison ».

Olivier Deck l'a écrit, dans un superbe ouvrage mêlant textes et photos et publié aux éditions Contrejour, Rafael Riqueni, une guitare de cristal. De son errance andalouse, il a également rapporté ces images en clair-obscur, qui sondent l'âme andalouse et celle du maestro, exposées dans les deux salles du Centre d'Art Contemporain Raymond-Farbos pendant la durée du Festival Arte Flamenco.

Ce vendredi 1er juillet, à 17 heures, il y évoquera cette rencontre avec Serge Airoldi et la bailaora Carmela Riqueni, nièce du guitariste, qui improvisera une chorégraphie inspirée de ses photographies. Sans musique. En silence

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