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20 juillet 2025

Endométriose : Helena Cueto brise le tabou

36e édition

Souffrant d’endométriose, la danseuse Helena Cueto a témoigné dans le cadre de la table-ronde sur la santé des femmes organisée lors du dernier festival de Mont-de-Marsan.

Dans le cadre de ses actions culturelles, le festival Arte Flamenco aborde des thématiques, qui ne sont pas toujours spécifiques au flamenco mais ont, dans tous les cas, un rapport direct avec l’art et le spectacle vivant. Lors du dernier festival, la danseuse Helena Cueto a ainsi participé à une table-ronde sur la santé des femmes organisée en lien avec le club des mécènes du festival, en particulier le laboratoire Ziwig Lab, implanté à Tercis-les-Bains, et Harmonie Mutuelle, parrain de cette initiative.

La danse engage profondément le corps et la santé des femmes. Elle touche directement à leur bien-être physique, mental et social. Le témoignage d’Helena Cueto, qui souffre d’endométriose, l’illustre avec force. « J’ai été très touchée par cette invitation ». Le lendemain de la table ronde, Helena Cueto n’avait de cesse de louer l’initiative du Festival pendant lequel était organisée ce débat sur la santé des femmes et plus particulièrement dans le monde du flamenco.

Dans cet univers comme dans beaucoup d’autres, la question occupe rarement le devant de la scène. Tabou. Désintérêt. Indifférence. Et pourtant… Le témoignage d’Helena, 36 ans,avait forte valeur d’exemple. Il y a cinq ans, on lui a diagnostiqué une endométriose (1). Enfin, faudrait-il dire. Elle identifiait alors le mal qui la faisait souffrir terriblement depuis si longtemps. Une douleur qu’Helena évaluait à 4 ou 5 sur 10, en permanence, « avec des pics monstrueux à 15 sur 10 ».

Table ronde sante femmes

L’endométriose : le sujet est désormais sur la table.

Les médias en parlent. Les femmes prennent la parole. Et la recherche avance. Et le flamenco dans cette affaire ? Helena Cueto est danseuse professionnelle. Elle se produit depuis l’âge de 17 ans. Pour elle, tout a commencé très tôt grâce à son grand-père, le très fameux guitariste Ramón Cueto. Guitariste classique. Et aussi flamenco, ce que l’on sait moins. C’est lui qui l’a poussée autrefois dans le grand bain. Sa fille, la mère d’Helena, violoncelliste, a encouragé le mouvement. Comme le père, guitariste classique. C’est ainsi qu’un horizon espagnol puis andalou s’est ouvert pour Helena, née à Nantes. À 14 ans, elle prenait des cours à Madrid. Puis à Jerez. Et enfin à Séville, pendant ses études dans le cadre du programme ERASMUS. À 17 ans, elle dansait sur scène.

En 2024, avec trois femmes, elle a créé le groupe Fl4menca, lequel se produisait sur la scène du Village en 2025. Le groupe s’est formé pour une commande à Minorque. « Notre volonté, explique Helena, c’était de nous réunir entre copines pour un projet particulier en dehors du cadre masculin classique. Toutes les quatre nous nous connaissions par la pratique du tablao. Nous sommes toutes féministes par la force naturelle et organique des choses. Nous ne faisons pas de tout cela une revendication politique. Nous ne tapons pas du poing sur la table. Notre désir était de passer beaucoup de temps ensemble pour créer ».

Quand on connaît l’intensité qu’exige le flamenco et en particulier la danse, la question se pose inévitablement comment concilier cet art et cette maladie tellement douloureuse et handicapante ? « J’ai toujours pu m’adapter, confie Helena. Je me suis toujours dit : je suis là où je veux être, donc, je le fais et même je dois le faire. Une fois cela dit, tout demeure compliqué. Il faut jongler avec le calendrier des ovulations et des règles. C’est un problème considérable et une souffrance physique et morale permanente. On a mal. Mais on se console en se disant qu’on a la chance de pratiquer le métier que l’on voulait. Un métier incroyable et on avance. On se répète : pa’lante ! (ndr : allez, en avant !). »

Table ronde sante femmes

Un an et demi avant l’entretien de juillet 2025, Helena dit qu’elle vit désormais « comme un homme ». Elle a été opérée à deux reprises, prend une pilule hormonale. Elle avoue que cela la fragilise psychiquement. La prise de médicaments la fatigue énormément. Elle doit veiller à une très bonne alimentation. Elle sait aussi que sa fertilité s’abîme. Et que dans l’éventualité où elle voudrait devenir mère, ce sera « un vrai parcours ». Elle n’ajoute pas : « de combattante ».

Ses souhaits ? « Que l’on parle davantage de cette maladie, insiste-t-elle. En France, ça commence. En Espagne, les choses sont encore tues et il existe une grande méconnaissance. J’en parle le plus ouvertement possible pour que chacun mesure bien combien ce sujet est important. Il faudrait l’évoquer partout, auprès des jeunes filles mais aussi des jeunes garçons pour qu’ils comprennent ce qui se passer dans le corps d’une femme. Pour autant, je ne veux pas m’inscrire dans quelques victimisation que ce soit. Je ne suis pas plus courageuse que ça. Il faut juste prendre le toro par les cornes. Et avancer ».

S.Ai.

 

(1) L’endométriose est une maladie gynécologique très douloureuse, inflammatoire, chronique et fréquente puisqu’elle touche près de 10 % des femmes en âge d'avoir des enfants. Elle se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus (appelée endomètre). Elle évolue de la puberté à la ménopause.

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