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09 juillet 2025

Le flamenco, pour libérer les corps et les cœurs

36e édition

Durant le dernier Arte Flamenco, les écoliers du Péglé à Mont-de-Marsan se sont joyeusement laissé entrainer par la passion communicative de la danseuse et chorégraphe María Pérez.

Dans la cour ombragée de l’école primaire du Péglé, la connexion entre la danseuse María Pérez et les 18 élèves du CP au CM2 s’établit naturellement, en toute fluidité. Les enfants suivent sans hésitation ni inhibition les exercices proposés par la chorégraphe marseillaise. Une aisance corporelle qui ne surprend pas Aurélien Hidalgo, enseignant en CM1/CM2 : « chaque année, ils jouent pour Carnaval un spectacle avec beaucoup de chorégraphies et en fin d’année ils se produisent au Molière. Danser sur scène devant une salle remplie donne de la confiance ».

Dans cet établissement classé REP (Réseau d’éducation prioritaire) où « la notion de mixité sociale prend tout son sens avec des écarts abyssaux entre les diverses situations familiales », la culture est un ciment. Et un révélateur, ajoute Edwige Liz-Barreira, également professeur de CM1/CM2 : « on découvre le sens du rythme chez certains. Ils prennent du plaisir à incarner des rôles qu’ils n’ont pas en temps normal. Ça les valorise ».

Maria Perez Péglé

Du rythme et des rires

María Pérez ne ménage pas ses efforts : pas chassés, mains dessinant dans l’air des oiseaux ou des fleurs, claquements de doigts, taconeos (martèlements du talon), d’abord sans musique puis avec une bande son. « Je veux leur transmettre le sens du rythme, un compás basique à quatre temps, et le plaisir de danser sur de la musique », dit la fondatrice du centre Solea à Marseille. Cette pionnière du flamenco dans la cité phocéenne, qui a ouvert des cours pour enfants dans les années 90 afin que sa fille « très timide » trouve un moyen d’expression, est comme un poisson dans l’eau au milieu des petits Montois.

Elle accorde son attention à chacun, recadre, encourage et taquine gentiment à l’aide du personnage du Grand Mamamouchi – tiré d’un spectacle éponyme créé à Marseille en mars dernier – tyran d’opérette qui n’hésite pas à envoyer au cachot les danseurs pas à son (mauvais) goût : « l’humour est un outil pour révéler la réalité. Quand je suis au milieu des enfants, je redeviens la petite María, je suis tout le temps en train de les faire jouer. Mais s’il faut être autoritaire, je sais poser les limites »

Et visiblement, le courant est passé ! Kacey et Sasha ont apprécié l’expérience : « María est très dynamique. Elle nous a fait beaucoup rire avec le Grand Mamamouchi et ses petits Minimouchis ». « Il y avait de la musique, on a appris des pas en s’amusant. Et le Grand Mamamouchi est sympa même s’il m’a mis au cachot ! », abonde Romane

Maria Perez Péglé 2

De la danse et du sens

Claire Lacomme sourit devant l’implication des écoliers et leur interaction spontanée avec la chorégraphe. La chargée du développement des publics à Arte Flamenco met en musique la volonté du festival de faire connaitre la culture flamenca au plus grand nombre, des plus jeunes aux plus âgés : « chaque année, on intervient durant la durée du festival dans une école ou dans un collège. C’était beaucoup autour de la danse, du mouvement et du corps. On a rencontré María Pérez l’an dernier lorsqu’elle est venue présenter son précédent spectacle et c’est elle qui nous a proposé de travailler autour de la question du harcèlement scolaire ».

La formatrice marseillaise, « tombée en amour » du flamenco après avoir vu Antonio Gades dans le film Noces de sang de Carlos Saura (1981), a en effet imaginé l’histoire d’une petite fille de 8 ans, isolée et mal dans sa peau, que le flamenco va aider à s’épanouir : « c’est un spectacle poétique plus qu’humoristique, et qui joue sur les émotions. Je ne donne pas de solution face au harcèlement mais je fais passer l’idée que le flamenco peut donner de la force ». Malheureusement, canicule oblige, la représentation privée de Duende, le petit lutin du flamenco, n’a pu être jouée devant les écoliers du Péglé comme c’était prévu.

Maria Perez Péglé 3

Les petits Montois étaient cependant sensibilisés à cette problématique très actuelle puisque le groupe scolaire avait participé le 7 novembre dernier à la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire par le biais de lectures, de témoignages, de visionnages de petits clips. « On a écrit des chartes et des règles. Certains élèves ont des frères ou des sœurs au collège qui ont pu être confrontés à de telles situations », précise Aurélien Hidalgo.

En fin de matinée, les enfants s’essaient aux palmas (claquements de mains) avec un certain bonheur, preuve que la rythmique si particulière du flamenco a déjà laissé quelques traces. Comme le montrent aussi les mots de Matéo : « c’est une danse aérienne. Il y a des temps et il faut bien les respecter ». Une réflexion qui allume le regard de la chorégraphe marseillaise, passablement fatiguée mais ravie après deux heures d’initiation énergivore : « les enfants me transmettent l’émerveillement de la première fois. Ce qui m’émeut aussi beaucoup, c’est qu’ils sont à fond avec toi, il n’y a pas de filtre. La confiance s’instaure très vite ».

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