AccueilActualitésArte Flamenco abolit les frontières de la ville
Les artistes Mathilde Antón, Juan Manuel Cortes et Alberto Garcia sont allés à la rencontre des habitants des quartiers de l’agglomération montoise pour transmettre leur passion du flamenco.
Ils sont une soixantaine d’enfants sur la placette du quartier Gouaillardet, en ce vendredi 28 octobre. D’autres, un peu plus âgés, observent à distance, de peur sans doute d’être invités dans la danse. La bailaora Mathilde Antón, en tenue de ville, attrape la pomme, la mange et la jette, de la main gauche puis de la main droite, en déliant les doigts un à un, « du plus petit au plus grand », comme elle le répète à l’assistance, les yeux et les oreilles grand ouverts. Un peu plus loin, le cantaor Alberto Garcia improvise une chorale avec quelques volontaires. Dans un autre coin, le guitariste Juan Manuel Cortes tente d’accompagner des palmas pas tout à fait en cadence.
Qu’importe, les sourires se lisent sur tous les visages et l’enthousiasme communicatif des artistes finit par emporter même les plus réservés. « On est venus à pied, on s’est installés et les habitants nous ont prêté des chaises et nous ont offert à boire », relate Salima Sensou, coordinatrice de projets culturels au caféMusic’ et conseillère départementale : « il n’y a pas besoin de décorum, on vient et la curiosité fait le reste ».
La veille, c’est le quartier de la Moustey à Saint-Pierre-du-Mont, qui a résonné des chants et des airs de guitare. « On est des troubadours, des décocheurs de sourires et de bonne humeur », apprécie Juan Manuel Cortes : « dans des moments comme ceux-là, on sent qu’on est au cœur de notre mission. Le flamenco est un métissage et quand on vient à la rencontre de ces communautés, on a le sentiment de faire vraiment de la culture. Et puis les enfants, c’est un public qui ne trompe pas ».
« C’est ici que la transmission prend tout son sens », renchérit Mathilde Antón : « quand je vois les yeux qui brillent et la petite étincelle qui s’allume en eux, je me dis que la danse a un pouvoir formidable ! » « J’adore ces moments », poursuit Alberto Garcia : « ça les change de leur quotidien et on constate qu’ils sont très attentifs et bienveillants. L’un d’eux est même allé m’acheter un soda comme il voyait que je transpirais ! »
Hind et Zahiya, deux amies de 13 ans résidant au Peyrouat, ont assisté au premier atelier à la Moustey la veille et au second à Gouaillardet. Elles projettent même de poursuivre l’expérience durant le week-end au Carboué, lors des ateliers tous publics menés par le même trio d’artistes avec le caféMusic' : « c’est pas tous les jours qu’il se passe des choses comme ça, alors on en profite », s’exclame la première. « Ça se passe en groupe alors on peut danser sans subir le regard des autres, et tout le monde finit par se lâcher », fait remarquer la seconde. « Moi je ne connais personne ici mais l’ambiance est très familiale », reprend Hind, « on a appris les palmas le premier jour mais on voulait aussi voir la danse, alors on est revenues ».
Didier Valdès, le directeur du caféMusic’, savoure dans un coin la réussite de ce projet, mené de concert avec le festival Arte Flamenco : « l’objectif, c’est que toute la population de l’agglomération montoise, y compris celle qui vit dans des quartiers isolés en matière de culture, se sente concernée et irriguée par ce qui se passe en ville. Le format est simple : on amène les artistes au cœur des quartiers pour qu’ils transmettent leur passion, notamment aux plus jeunes. On sème des graines et je suis sûr que certains garderont un souvenir de cette journée. Peut-être même qu’ils diront à leurs parents, au mois de juillet prochain : ‘tiens, il y a le festival Arte Flamenco, on pourrait y faire un tour ?' »
Le soir venu, les enfants ont improvisé devant leurs parents un petit spectacle sur la scène du centre culturel du Peyrouat, suivi d’un repas partagé. De quoi attiser un peu plus la petite étincelle…