Présentée au musée Despiau-Wlerick lors d'Arte Flamenco 2022, l'exposition est visible à la médiathèque du Soustons du 6 au 30 janvier, dans le cadre de la première édition d'hiver du festival.
Quand la sculpture dialogue avec la photographie, quand les clichés de Prisca Briquet répondent aux trésors des collections du musée Despiau-Wlérick – des œuvres de Léopold Kretz, Gilbert Privat et Marcel Mérignargues -, c’est un hommage à la création contemporaine qui s’élabore dans une harmonieuse mise en perspective.
Pour prolonger cette conversation entre deux formes d’expression artistique autour du corps et du mouvement, la photographe, qui a déjà collaboré à plusieurs reprises avec le Festival Arte Flamenco, et Mathilde Lecuyer-Maillé, directrice du musée montois, ont accepté de se plier au jeu de l’interview croisée.
Prisca, l’univers du flamenco vous était familier ?
Prisca Briquet : En 2012, j’avais exposé des photos de très grand format sur la place du théâtre. C’était un travail nouveau pour moi, et absolument passionnant. Puis j’ai réalisé l’affiche de l’édition 2013. Depuis une quinzaine d’années, je viens régulièrement faire des photos des concerts. Avec le Festival, nous avons des liens anciens. C’est une histoire un peu indéfectible, qui fait partie prenante de mon parcours photographique.
Comment est née l’idée de l’exposition Écho ?
Mathilde Lecuyer-Maillé, directrice du musée Despiau-Wlérick : au fil des années, nous avons tissé un partenariat avec le Festival. Au début, nous prêtions la salle d’expositions temporaires du musée. Les organisateurs ont peu à peu développé leur proposition artistique avec une offre beaucoup plus tournée vers l’art contemporain. Petit à petit, nous en sommes venus à travailler conjointement, en créant des ponts avec les collections du musée, majoritairement axées sur les sculptures du XXe siècle, en particulier figuratives. La danse a toujours été un sujet important pour les sculpteurs. Nous avons donc fouillé dans notre fonds pour en extraire un certain nombre d’œuvres. De son côté, Lionel Niedzwiecki, directeur général du Festival, a missionné Prisca pour faire écho à notre sélection.
Prisca Briquet : cela s’est fait assez naturellement. Quand Lionel est arrivé avec cette idée de faire dialoguer les sculptures et les photos autour d’une esthétique commune qui est la danse, je me suis rendue au musée Despiau-Wlérick où Mathilde m’a présenté une sélection de sculptures. C’était assez magique : comme le musée avait déjà fermé pour préparer ses travaux de rénovation, les œuvres étaient emballées dans des cartons et elle les sortait l’une après l’autre.
Comment avez-vous choisi les photos ?
Mathilde Lecuyer-Maillé : il me semblait important que Prisca ait une très grande liberté pour faire résonner les sculptures avec son propre travail. Son regard d’artiste devait être la clé de ces associations. L’exposition se veut assez intuitive.
Prisca Briquet : à ma grande surprise, je me suis rendu compte que j’avais photographié les mêmes mouvements et les mêmes lignes que les sculpteurs avaient figés des décennies auparavant. C’était assez bluffant. Lors de l’exposition au musée Despiau-Wlérick à l’occasion du Festival Arte Flamenco 2022, des visiteurs m’ont confié qu’ils avaient eu l’impression, en regardant les œuvres côte à côte, que les statues se mettaient à danser.
La plupart des photos représentent du flamenco, qui est l’expression d’une minorité à travers un langage artistique. C’est un peu la même chose pour le jazz, d’où la présence d’un cliché d’une danseuse de claquettes internationalement reconnue. Cette exposition permet de mettre en avant l’idée que le métissage est une richesse.
La notion de mouvement semble traverser cette exposition. Comment y êtes-vous parvenue ?
Prisca Briquet : en choisissant la version la plus simple du concept, qui consiste à rapprocher et mettre en résonnance les œuvres. Dans l’histoire de l’art, il y a toujours eu ce truc d’apprendre à représenter l’anatomie grâce au spectacle vivant. Et les danseurs sont des modèles haut de gamme. Très clairement, ils savent poser car ils ont une très grande maîtrise de leur corps et de leur posture. Essayer de figer leurs mouvements est hyper esthétique et donne un résultat assez fantastique.
Après Mont-de-Marsan lors d’Arte Flamenco 2022, l’exposition Écho se déplace à Soustons pour le 1er Festival d’hiver. Est-elle amenée à devenir itinérante dans le département ?
Mathilde Lecuyer-Maillé : c’est un dérivé du partenariat que nous avons développé avec Arte Flamenco. Et j’avais envie de faire voyager les collections dans le département.
Prisca Briquet : l’exposition a été conçue avec des volumes et des géométries modulaires. Néanmoins, elle comprend des bronzes assez lourds et des grands formats photographiques. Mathilde et son équipe ont su relever un défi technique.
Mathilde Lecuyer-Maillé : l’idée est de pouvoir proposer cette exposition très facilement, y compris à de petites collectivités. Les élus doivent avoir la possibilité de se manifester auprès de nous pour la faire venir chez eux. Nous nous chargeons d’apporter et d’installer les œuvres.